Dans le travail de Spitex, la routine n’existe pas, mais les véritables cas d’urgence sont rares. Oksana S., intervenante du service Spitex de Grodno, en a vécu un récemment. Elle nous livre son récit.

« Nous sommes vendredi matin, ma première intervention est à 9 h 30. Comme toujours, je frappe à la porte de l’appartement d’Antonina N., ma cliente. Pas de réponse. Dort-elle profondément ? Après avoir de nouveau toqué en vain, je commence à m’inquiéter. J’ouvre la porte avec la clé de secours. Antonina git sur le sol dans le couloir. Elle ne réagit pas quand je lui parle. Je l’examine rapidement sans rien constater de visible. J’appelle alors une ambulance. Puis, je cherche les coordonnées du fils d’Antonina qui vit en Russie et je l’informe par téléphone de l’état de sa mère. Ici, à Grodno, Antonina n’a aucune famille.

Enfin, l’ambulance arrive. Entre-temps, Antonina peut de nouveau s’exprimer. Les ambulanciers la transfèrent avec précaution sur le canapé, l’examinent et parviennent à la conclusion qu’elle n’a plus besoin d’aide. Sur ce, ils veulent repartir. Atterrée, j’interviens : « Cette patiente doit aller à l’hôpital pour subir un examen médical complet ! Elle ne peut pas bouger du tout, on ne peut pas la laisser dans cet état ! »

Les ambulanciers ne se sentent pas responsables. Ils me conseillent d’appeler la policlinique et prennent congé. J’effectue l’appel et décris la situation et l’état de la patiente. Mon interlocuteur m’indique qu’ils vont envoyer un médecin. Au bout de plusieurs heures, cette femme médecin arrive enfin et ordonne le transfert d’Antonina à l’hôpital. Elle me laisse le soin d’organiser le transfert en ambulance.
J’utilise le temps qu’il me reste en attendant l’arrivée de l’ambulance pour parer au plus pressé : je cours acheter des protections d’incontinence. À mon retour, je change les vêtements souillés d’Antonina, je rassemble du linge, une chemise de nuit et des produits de toilette et enfourne le tout dans un sac. Pendant ce temps, je n’arrête pas de parler à Antonia, je l’apaise et reste à ses côtés jusqu’à ce qu’elle soit conduite à l’hôpital.

Le soir même, je repense encore à cette situation. Dieu merci, j’étais là au bon moment et j’ai pu réconforter Antonina, l’aider et veiller à ce qu’elle bénéficie d'une bonne prise en charge médicale. »